Combien d’histoires — non éditées ou non produites — ne nous entrainent pas dans leur tourbillon parce que les personnages n’y ont rien à faire, ne possèdent aucun objectif clairement identifiable ? Combien d’histoires — non éditées ou non produites — ne nous touchent pas, ne nous concernent pas, parce qu’aucun conflit n’y est joué ? Combien d’histoires — non éditées ou non produites — nous semblent trop faciles, trop gentilles ou cousues de fil blanc parce qu’aucune entrave, aucun obstacle, ne vient contrarier comme dans la vie la volonté, le désir ou le besoin des personnages ? Combien de récits ne seront jamais produits ou édités parce que tout est fait à l’intérieur pour faciliter la vie du protagoniste au lieu de l’entraver ?
La réponse est malheureusement : un trop grand nombre d’histoires non produites ou non éditées.
Cet ouvrage est consacré à une notion déterminante pour la réussite d’une histoire, pour son impact sur le spectateur ou le lecteur, donc pour ses chances de production ou d’édition, une notion qui imprime sa force sur la dynamique même d’un récit. Je veux parler de la triade OOC :
En deux mots — avant d’y consacrer tout cet ouvrage —, l’objectif est le but que doit atteindre le personnage, quel qu’il soit. Les obstacles sont les entraves qui s’interposent entre le personnage et son but, c’est la force qui s’oppose à l’avancée vers ce but. Le conflit est la souffrance qui nait de l’opposition entre l’objectif et les obstacles, c’est-à-dire entre la volonté d’atteindre le but et ce qui contrarie cette volonté.
On retrouve cette dynamique narrative dans cette formule à mémoriser dès à présent :
OBJECTIF + OBSTACLE = CONFLIT
On pourrait l’affiner encore avec l’enjeu que nous aborderons plus tard, par la formule :
(OBJECTIF + OBSTACLE) x ENJEU = CONFLIT
La dynamique d’un récit, c’est-à-dire la force qui l’anime et le fait progresser, se résume presque exclusivement à ces équations.
Vous connaissez vous-même très bien cette triade : vous voulez parvenir à écrire votre récit (OBJECTIF), vous manquez de technique, d’expérience, d’idées peut-être ou de méthode (OBSTACLE), cela vous fait souvent douter ou redouter, voire pire (CONFLIT).
Quand je parle d’objectif, ici, il n’est pas nécessairement question d’objectif principal comme il n’est pas nécessairement question du protagoniste. La triade OOC s’applique et concerne tous les personnages et concerne tous les objectifs, qu’ils soient objectifs locaux, sous-objectifs ou objectif fondamental. Comme nous le voyons dans l’ouvrage Les Personnages, il est bon que tout personnage dans un récit possède son objectif — quand bien même celui-ci consisterait à “ne rien vouloir dans la vie”…
Nous pouvons illustrer cette triade à l’aide d’un des événements qui déchaine le plus de passion sur de nombreux continents : un match de foot. Tous les éléments dramaturgiques y sont rassemblés pour engendrer :
Si ces ingrédients fonctionnent, c’est tout simplement que les trois éléments dynamiques fondamentaux que nous venons de voir y sont rassemblés :
Il en va de même pour tout récit qui se veut captivant.