La collection Narration

Pourquoi un recueil d'exemples ?

Les ouvrages pédagogiques sont légions en ce qui concerne l’écriture, la narration, la dramaturgie. Mais ce dont l’apprenti-auteur manque toujours, et cruellement, au cours de son apprentissage, ce qui lui fait le plus défaut et qui rend souvent hasardeux cet apprentissage, ce sont les exemples. Les exemples concrets et de toutes sortes. Exemples de synopsis, de notes d’intention, de séquenciers et de chemins de fer, exemples de fondamentales, de fiches de structure, de pitchs et de résumés et autres dossiers de présentation.

Tous ces exemples, pourtant, sont capitaux pour que l’apprenti-auteur saisisse bien de quoi il s’agit, de quoi on parle vraiment, et puisse avoir une palette suffisamment large d’illustrations pour y trouver une base de départ à son propre travail et, plus encore, pour lui donner une perception ouverte des choses, non réductrice — le caractère réducteur étant le seul reproche que l’on puisse adresser à un exemple.

Mais pourquoi ces exemples, si importants pour l’apprentissage, manquent-ils aux ouvrages pédagogiques même les plus sérieux ? Au-delà de la fausse excuse de la place que les exemples prendraient, nous pouvons y voir deux raisons principales.

D’abord, le pédagogue, trop souvent, n’est pas auteur lui-même. Il sait distribuer les conseils, les consignes, les directives, mais serait souvent bien en peine de les appliquer concrètement lui-même. Nous ne nous aventurerons pas à exprimer ce que nous pensons d’un tel pédagogue, mais, puisque nous envisageons l’écriture d’abord comme un artisanat, nous ne pouvons imaginer un maitre-artisan ne sachant pas pratiquer sa discipline. Qu’il ne soit pas un génie, soit, nous pensons même que les plus grands génies font les pires pédagogues, pour la simple raison qu’ils ne connaissent rien des difficultés que rencontrent tout un chacun. Mais si ce n’est pas un génie, un pédagogue de l’écriture se doit cependant d’être un maitre-artisan digne de ce nom, qui sache pratiquer son art dans une bonne mesure.

Cela posé, il faut bien mesurer que donner des exemples est toujours un grand risque. Non pas le risque de se faire piller ou d’être mal compris, mais celui de ne pas être suffisamment convaincant, de ne pas fournir d’exemples pouvant remporter l’adhésion, des exemples forçant suffisamment le respect — faute d’admiration — pour que le lecteur puisse se dire “D’accord, je peux suivre ce guide, il me semble pertinent.”

Nous assumerons dans cet ouvrage, pleinement, ce risque d’être jugé, et peut-être même critiqué. Tout simplement parce que nous pensons que le jeu en vaut largement la chandelle et que même si certains lecteurs-auteurs ne seront pas convaincus par ces illustrations, la plupart des autres, au contraire, sauront en tirer parti, et sauront, nous l’espérons, s’appuyer sur ces exemples même perfectibles pour les pousser plus loin dans leurs propres travaux, pour les exploiter avec infiniment plus de talent et de réussite.