La “mise en scène” est un outil puissant pour apprendre à connaitre son personnage de l’intérieur. Elle consiste à le plonger le plus tôt possible dans une scène quelconque pour apprendre à le connaitre en le voyant agir et parler. C’est une sorte de “bac à sable” dans lequel on place le personnage pour l’observer et voir comment il va se comporter.
On peut utiliser ce moyen dès les tout premiers travaux sur les personnages. Aussitôt qu’un personnage semble se dessiner, on peut le placer dans ce bac à sable pour le mettre à l’épreuve.
Bien entendu, il faudra se montrer indulgent quant à la qualité de ce qui sortira de cette exploration. Il n’est pas bon qu’à la recherche autour du personnage se substitue un travail qui aurait le devoir de ressembler à un texte abouti. Il y a fort à penser que les premiers essais, au début du développement, ne soient pas “bons” en terme de dramaturgie.
Pour effectuer cette exploration, trois types de scènes sont possibles.
Note sur cette dernière idée : au moment de traiter en détail une scène, le fait de savoir ce qui s’est passé dans la scène qui précède est un moyen efficace pour insuffler une dynamique au personnage, pour éviter l’écueil classique d’un personnage qui entre en scène sans humeur particulière, sans rythme, sans dynamique. Le fait d’écrire “la scène qui précède la scène” — ou tout au moins la fin de cette scène — permet de palier efficacement ce problème.
Dans un premier temps — et seulement dans un premier temps —, il est conseillé de n’introduire dans la scène travaillée qu’un seul des personnages préconisés pour le récit. Cela permet de se focaliser vraiment sur lui. Si d’autres personnages sont présents, il est préférable qu’ils n’appartiennent pas du tout au récit.
Voici quelques idées de scènes qui peuvent servir de base de travail. Vous pouvez bien entendu rebondir à loisir sur ces suggestions
De façon générale, on privilégiera les scènes conflictuelles, le conflit étant le meilleur révélateur de personnalité, car il est difficile pour l’individu de tricher en situation de conflit (ainsi, s’il est un tricheur invétéré, il ne pourra faire autrement que de tricher…).
On peut utiliser aussi les scènes non situées, à forte charge conflictuelle.
On peut faire ce travail avec tous les personnages de son récit, sans distinction. Chaque personnage, aussi infime soit son rôle, doit donner l’illusion d’une vraie personne et mérite donc un travail de personnalité et d’idiosyncrasie tout aussi conséquent que le protagoniste ou l’antagoniste. On pourrait même dire qu’il en demande plus dans le sens où il aura moins de temps à l’écrit ou à l’écran pour donner l’illusion d’être une vraie personne.
Cependant, comme nous l’avons suggéré plus haut, il est recommandé de ne mettre qu’un seul personnage à travailler dans ces scènes d’exploration. Cela permet de se concentrer sur lui, sans avoir à se soucier des autres personnages. Traiter plusieurs personnages de front nécessite un effort intellectuel particulier et une grande expérience de l’écriture polyphonique.
Mais une fois ce premier travail effectué jusqu’à s’approcher suffisamment de chacun des personnages, il ne faut surtout pas se priver de les réunir pour découvrir et expérimenter l’alchimie de leur relation.
On procède alors de la même façon, en inventant une scène quelconque, dans le film ou hors du film, possible ou impossible (certaines rencontres sont impossibles, comme celle entre deux personnages vivant à 4 siècles l’un de l’autre).
On peut commencer ce travail avec seulement deux personnages — sans s’interdire d’ajouter des individus n’appartenant pas au récit — puis on s’amuse à en mettre trois, puis quatre, etc. jusqu’à écrire, pourquoi pas, une scène tout aussi chorale qu’improbable qui contiendrait l’ensemble des personnages principaux et secondaires.