La collection Narration

L'importance de l'imagination

Le muscle le plus utile

Que ce soit pour le brainstorming sous toutes ses formes ou pour interroger l’histoire, l’imagination est le matériau ou le muscle qui sera le plus mis à contribution pendant tout le travail de conception d’une histoire.

L’imagination est le muscle
que l’auteur sollicite le plus.

L’imagination est l’outil indispensable à tout artiste ou à toute personne devant faire preuve de créativité dans sa profession. C’est aussi le plus cher. C’est le seul qui, utilisé à bon escient, a une chance de vous faire vivre de votre métier d’auteur.

Notons qu’il est bien question ici d’imagination, et non pas d’imaginaire ou d’inspiration.

L’imaginaire, c’est un jardin secret, un monde rêvé d’où naissent les idées singulières et originales. S’il est susceptible, chez quelques individus, de conduire à l’accomplissement professionnel — p.e. chez des artistes comme Fellini, David Kaufman ou autres Tim Burton —, il ne sera pour la plupart des autres auteurs pas assez fantasque, pas assez universel en même temps que singulier pour espérer conduire à une réussite de grande ampleur.

En parlant d’imagination, je ne parle pas non plus d’inspiration. L’inspiration est une émanation passagère, fulgurante et géniale du travail de l’imagination, et qui ne saurait se produire sans ce travail régulier de l’imagination. L’inspiration, c’est l’imagination en grande forme. Elle n’est heureusement utile, dans le développement d’une histoire, que de façon ponctuelle. Le gros du travail de l’imagination est ailleurs, comme nous allons le voir.

L’inspiration, c’est l’imagination en grande forme.

L’imagination est un muscle

L’imagination est un muscle, et à l’instar de tout muscle, elle ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas. En d’autres termes :

Plus on fait appel à son imagination
et plus elle se développe.

Ce qui signifie que, contrairement à une idée populaire, l’homme ne nait pas avec une quantité plus ou moins grande d’idées, où l’imagination serait une sorte de réservoir dans lequel le créateur irait puiser jusqu’à l’épuiser. L’imagination n’est pas un réservoir, mais plutôt le théâtre d’un travail inconscient de l’esprit.

La nourriture de l’imagination

Cette partie non consciente de l’esprit — notre machine à idées — a besoin de deux choses pour être fertile : de nourriture, artistique, spirituelle, idéologique, humaine et émotionnelle, et elle a besoin pour s’exprimer d’une “voie de transit” bien entretenue conduisant à notre conscient, par laquelle elle nous transmettra les fruits de son travail : les idées.

L’enfant semble posséder une voie directe de son imagination à sa conscience, une voie si fluide qu’il parait même n’être pas tout à fait conscient de l’existence de ces deux formes de “réalité”.

L’auteur, s’il l’a perdue, doit retrouver cette accessibilité sans contrainte à son imagination.

Entretenir les voies de son imagination

Malheureusement, notre éducation nous incitant trop peu à faire usage de cet organe fabuleux, ou le limitant trop à des contraintes factuelles, notre imagination peut s’atrophier et la route qui en part ou y arrive peut se craqueler, et la végétation des interdits, comme des lierres voraces, peut l’avoir rendue impraticable, inapte à l’usage.

Il convient alors, lorsque l’on se destine à un exercice faisant appel à elle, d’entretenir en tout premier lieu les voies son imagination, de transformer le chemin de terre en autoroute à quatre voies à grande vitesse.

Le brainstorming et les questionnements sur l’histoire ont déjà offert des pistes pour entretenir cette voie, nous allons en aborder d’autres dans la suite.