La collection Narration

Noter l'impulsion première

Noter l’impulsion première

Très souvent, l’impulsion première qui a donné envie de l’histoire se dilue au cours du développement du projet, comme le sucre dans l’eau, dans la difficulté de structurer l’intrigue, de la rendre cohérente, de donner aux personnages force et épaisseur, de gérer la progression dramatique, en bref se dilue vite dans toutes les nécessités qui s’imposent à l’élaboration de toute histoire.

L’impulsion première s’évanouissant, vous en perdez la stimulation qui peut vous pousser à terminer le travail amorcé et vous abandonnez purement et simplement. Combien de fois cela arrive-t-il !

C’est la raison pour laquelle je vous conseille vivement d’écrire cette impulsion première de façon précise, dès qu’elle apparaît en vous, sur un plan de travail posé en face de vous ou sur un carnet, en répondant aux deux questions primordiales : “QUOI” et “COMMENT” :

QUOI ? Quel est le sujet général et principal du film (l’amour entre homosexuels, la justice, la pauvreté, l’immigration, etc.).

COMMENT -> Comment voulez-vous aborder ce sujet, que voulez-vous en dire, comment voulez-vous traiter les choses. Quelles sont les choses essentielles que vous voulez exploiter, faire passer, privilégier ?

Notez que ce quoi et ce comment sont directement liés à la 5ème fondamentale définie plus tôt.

Un exemple : Vous venez de voir un reportage sur le comportement de certains toubibs dans les hôpitaux. Vous notez dans votre carnet à idées ou sur votre plan de travail :

Vu reportage sur hôpitaux. Toubibs absolument inconscients et irresponsables. Leur conduite fait frémir. Prennent des décisions sans tenir compte avis et particularité du malade. Faire histoire sur conséquences désastreuses d'une décision prise trop à la légère par un toubib.

Puis vous notez le comment :

Je veux traiter ça comme une farce, pas du tout comme un drame. Pour pouvoir forcer le trait, le grossir, utiliser une loupe déformante. Je sens un ton de farce, mais léger, pour contre-balancer et mettre en relief l'horreur du comportement des médecins.

Une fois cette impulsion première notée, n’hésitez pas à vous y référer le plus souvent possible, à y revenir sans cesse, surtout lorsque vous vous perdez dans les méandres que dessine chaque jour un peu plus votre histoire. Tentez également, le plus vite possible, d’établir d’après cette impulsion première la prémisse de votre film (nous reviendrons plus loin sur cette notion). Ici, l’auteur pourrait écrire, en guise de première prémisse :

Vouloir soigner d'après une médecine unique et générale, sans tenir compte des particularités de chaque individu conduit parfois au désastre.