Revoyons, avant d’aborder réellement la construction du dialogue, quelques points généraux qu’il faut garder toujours en tête en concevant les dialogues de l’histoire. Nous les avons déjà tous abordés de façon précise, un petit rappel ne peut qu’être bénéfique avant de se lancer.
Dire une fois ne suffit jamais. Pour que votre auditoire mémorise une information importante, il est importante de la répéter au moins une fois. L’idéal est de faire cette répétition de façon variée, mais une répétition stricte peut être parfois nécessaire. Il faut le faire avec discernement.
Gardez-le bien en tête, car c’est un point capital : on n’écoute jamais les bavards. Si on peut leur prêter une première attention quand on ne les connait, très rapidement, des messages inconscients nous révèlent qu’il s’agit d’un bavard et notre attention se relâche, jusqu’à ne plus entendre ce qui est dit, jusqu’à penser à autre chose.
Soyez sûr d’une chose : ce phénomène se reproduira avec votre histoire si vous êtes négligeant avec votre dialogue, si vous vous laissez aller à faire bavarder vos personnages, si vous ne vous efforcez pas de chercher toujours la concision la plus grande, si vous multipliez les mots inutiles.
La moindre des répliques doit être indispensable.
Ou encore :
Moins vous en direz, plus vous serez entendu.
Apprenez à repérer le plus rapidement possible lorsque votre dialogue se répète, lorsqu’il donne l’impression de revenir en arrière, de revenir à un point du déroulé déjà abordé. Un dialogue correct ne se répète jamais (ni littéralement, ni allusivement), chaque réplique fait avancer l’histoire un peu plus loin, même si c’est d’un cheveu.
Un dialogue ne doit jamais se répéter.
Ne croyez surtout pas que lorsque le lecteur/spectateur a deviné quelque chose, vous avez remporté la manche. Vous n’avez fait que la moitié du chemin, en vérité. Car tant que vous n’aurez pas validé la chose, tant que vous n’aurez pas dit explicitement, par l’image ou par le dialogue visé ici, que ce lecteur/spectateur a raison, il ne validera pas l’intuition qu’il a eu.
Le dialogue peut servir aussi à cela, lorsque l’image ne peut y parvenir seule. Le lecteur/spectateur adore avoir une confirmation explicite de ce qu’il pense/croit. Ne le privez pas de ce bonheur.
Confirmer par le dialogue ce que suppute le public
Prenons un exemple fameux, mais en ayant conscience qu’il est choisi pour offrir un autre éclairage que le dialogue vraiment visé ici, qui concerne plutôt l’avancée de l’histoire, qui doit permettre à l’histoire de se poursuivre plus avant. Dans cette illustration, au contraire, ce dialogue ne fait que donner une confirmation explicite à un simple sentiment du spectateur : c’est le fameux T’as de beaux yeux, tu sais… qu’adresse Jean Gabin à Michèle Morgan dans \film{Le Quai des brumes}.