La collection Narration

Épuration du dialogue

Introduction

Après une première phase d’écriture du dialogue sans autres contraintes que celle de faire passer uniquement l’information — directe ou indirecte — qui a été déterminée, il convient de passer à la phase d’épuration de ce dialogue.

Une chasse impitoyable aux mots superflus

Cette épuration va consister à faire une chasse impitoyable aux mots superflus. Comme nous l’avons vu, tout doit être essentiel dans un dialogue, chaque mot, le moindre mot, doit avoir sa raison d’être, et cette raison ne doit pas relever du caprice mais de la nécessité absolue.

C’est à ce prix et à ce prix seulement qu’on peut espérer que le lecteur/spectateur prêtera l’attention qu’on désire à ce qui est dit. Dans le cas contraire, soyez sûr que chaque mot superflu pousse le lecteur/spectateur à la distraction.

Comment procéder à cette chasse ?

L’objectif est que cette chasse devienne un réflexe conditionné. Le but ultime est de ne plus à avoir à y réfléchir, de le faire de façon instinctive, comme le fait tout auteur expérimenté.

Il n’y a pas mille façons d’acquérir cette aptitude si l’on ne veut pas y passer des années : le faire de façon rigoureuse dans ses premiers écrits, en procédant mot par mot. Et lorsque j’écris mot par mot ça n’est pas une tournure stylistique. Il s’agit réellement de s’arrêter sur chaque mot — même les articles ou autres interjections — et de s’interroger sur leur raison d’être dans le dialogue.

Dans un premier temps, il faut être impitoyable. Retirer un mot, voir si l’information directe ou indirecte qui doit passer passe toujours, le remettre si ça n’est plus le cas, ne pas le remettre si l’information passe de la même façon.

Attention aux subtilités

Le dialogue est une chose subtile. Le moindre mot, le moindre synonyme, la moindre modification de la syntaxe peut donner une autre tournure à tout le dialogue et connoter le personnage de façon radicalement différente. Il s’agit donc de faire cette traque sans indulgence, mais avec discernement.

Le less is more

Le principe du less is more, qu’on pourrait traduire au niveau du dialogue par moins il en dit, plus il en dit est incroyablement puissant.

Aussi, n’hésitez jamais, au cours de cette traque à commencer par vous dire, pour chaque phrase : et si le personnage ne disait rien ? ou surtout et si le personnage ne répondait pas ?.

Vous vous apercevrez que cela relève de la magie : ce qui sera dégagé par la non réponse ou le silence du personnage en dira bien plus long que ce que vous vous êtes évertué à lui faire dire.

Bien entendu, ce principe ne fonctionne que dans un contexte clair, une narration claire, une situation claire. Dans le cas contraire, l’absence d’information ne participera qu’à ajouter une couche de flou à votre narration.