La collection Narration

Le plus tard et le plus tôt possible

Le Principe de brièveté

Ce qui crée aussi le rythme et la progression, c’est le principe de brièveté qui s’exprime simplement par :

On doit commencer le plus tard possible
dans la scène et terminer le plus tôt.

C’est un excellent moyen d’éviter les “temps mort” ou les “temps mous” qui sont les parasites du rythme et de la progression.

TODO: Parler de "dynamisation" du récit par ce travail. TODO: Apprendre à sentir quel est le bon moment

S’achever le plus tôt possible

Ce “plus tôt possible” est tout simplement le moment où la scène a rempli son rôle, a accompli sa fonction. Si sa seule fonction de la scène est de fournir au héros une information, la scène doit s’achever au moment où il obtient cette information. Par un simple cut, ou par un dernier plan exprimant sa joie, ou sa surprise. Mais tout de suite après, il est déjà temps de passer à la suite.

Commencer le plus tard possible

Commencer le plus tard possible est une notion plus complexe à saisir et plus difficile à déterminer. Le plus simple en l’occurence est d’être pragmatique : écrivez votre scène comme vous l’entendez puis ensuite reprenez-là, depuis le début, est demandez-vous sur chaque action, sur chaque description, sur chaque réplique : est-elle indispensable au rôle que doit jouer cette scène.

Si le héros est venu chercher une information sur un insecte auprès d’un éminent entomologiste, vous aurez peut-être commencer votre scène — votre séquence — au moment où le héros vient sonner à sa porte. L’entomologiste vient lui ouvrir, puis le conduit à son bureau en lui demandant s’il a trouvé facilement la maison. Le héros en profitera pour s’extasier de la beauté du quartier où il fait bon vivre.

Tout cela est fort sympathique, et vous pensez certainement rendre la structure “fluide” en faisant de belles liaisons. En vérité, cela tue l’histoire, asphyxie le rythme et offre au public à voir des choses dont il se fiche royalement. Donc vous redescendez votre scène en supprimant, action après action, réplique avec réplique, tout ce qui fait “bla bla”.

Tout ce qui ne fournit pas une information capitale pour le récit ou pour la compréhension de la scène doit être impitoyablement jeté.

Quand bien même ce serait “très sympa”.

Là aussi, veiller cependant à ne pas être trop fonctionnaliste. Une scène sert parfois à “planter le décor”, à “donner le ton”, à offrir une respiration forte, à ouvrir la thématique, autant de choses qui ne relèvent pas forcément de la fonction structurelle. Il est important de le sentir et de ne pas décapiter l’histoire à force de la raboter par tous les bouts…

De la même manière, à vouloir trop bien faire, l’apprenti-auteur en arrive à ouvrir la scène trop tard et à la fermer trop tôt, ce qui supprime toute chance de résonance et de rythme, voire de compréhension ou de cohérence. Aussi, restez toujours sensible et attentif au résultat, et toujours délicat avec les ciseaux, même si, dans un premier temps d’apprentissage, le défaut de n’en mettre pas assez et peut-être préférable à celui d’en mettre trop, pour la sensibilité à la dynamique narrative qu’il développe.