C’est un des écueils les plus fréquents et les plus nuisibles à la narration des apprentis-auteurs : il consiste à voir l’auteur décider que tel ou tel évènement aura telle ou telle fonction — incident déclencheur, pivot, climax, etc.
L’auteur doit comprendre, en l’occurrence, que ce n’est pas à lui de déterminer la fonction d’un élément narratif quel qu’il soit.
Ça n’est pas à l’auteur de décider
de la fonction d’un évènement.
Ce qu’il est capital de comprendre — et il sera nécessaire de revenir plusieurs fois sur ce point — c’est qu’on ne décide pas de force ou tyranniquement de la fonction d’une scène, ce qui correspondrait à faire acte de violence contre l’histoire. Non, la fonction d’une scène doit aller de soi, doit découler de la scène elle-même, doit s’imposer de fait.
La fonction d’un évènement
doit découler naturellement
de cet évènement.
Et elle doit s’imposer.
Il est donc capital, pour l’auteur, de rester en permanence à l’écoute de son histoire et qu’il sache entendre ses fonctions sans se laisser aveugler par des étiquettes artificiellement placées.
Notez que cet écueil s’exprime souvent de deux manières :
Dans la réalité, on trouve le plus souvent un mix de ces deux erreurs : la scène voulue ne remplit pas suffisamment la fonction qu’on veut lui conférer, et dans le même temps une autre scène usurpe cette fonction.
S’il est évident que l’auteur ne forcera jamais tyranniquement la fonction d’une scène en lui imposant une étiquette, il est en revanche tout à fait possible de faire appel à l’écriture pour modifier ladite scène, ainsi que les éléments annexes, pour lui faire remplir le rôle attendu — si l’auteur n’est pas le dieu tout puissant de son récit, il reste néanmoins le maitre à bord.
Puisque l’erreur peut avoir deux sources (cf. ci-dessus), il convient souvent de modifier le récit à deux niveaux différents : rehausser ou ajouter les éléments conférant à la scène la fonction voulue et atténuer les éléments environnants qui viennent en concurrence de ladite scène.