La fonction essentielle et structurelle du climax est de permettre de donner la réponse à la question dramatique fondamentale (qui s’exprime schématiquement par : “Le personnage va-t-il réussir à atteindre son objectif”) en donnant la réponse dramatique fondamentale (qui s’exprime schématiquement par : “OUI, le personnage réussit (MAIS…)” ou “NON, le personnage échoue (MAIS…)”).
On pourra lire ou relire avec profit les pages sur la fin de son histoire dans l’ouvrage sur le travail de l’auteur : Trouver sa fin dans Le Travail de l’auteur.
Cette réponse, donnée dans le climax ou dans la scène suivante, est souvent possible suite à la confrontation finale entre le protagoniste et l’antagoniste — ou les forces antagonistes.
Il est important de comprendre que même si le climax est une scène que présente la majorité des films, il n’est pas une nécessité en soi. Le dénouement doit donner la Réponse Dramatique Fondamentale à l’histoire, c’est sa seule impérieuse fonction.
Cette réponse, ça n’est pas toujours le climax qui la donne, loin s’en faut. Les exemples sont nombreux où c’est la scène suivant le climax qui donne cette réponse.
Après avoir déterminé si l’histoire devait s’achever par un “oui” ou par un “non” — ou mieux, comme le voyons dans La fin paradoxale, par un “oui… mais…” ou un “non,… mais…” —, il s’agit de déterminer ce qui va permettre de donner cette réponse.
Cela consiste, très concrètement, à déterminer le climax, la scène par excellence qui va permettre de répondre à la question dramatique fondamentale. Que la réponse soit présentée dans ce climax ou dans la scène qui le suit, c’est cette scène qu’il va falloir inventer.
Comme tout ce qui touche à la structure, créer cette scène relève plus de la réflexion émotionnelle que de la réflexion intellectuelle — relire à ce propos les pages sur la force qui construit la structure. Cela relève aussi d’exploration et de découverte, à l’instar du premier jet de Stephen King.
Ce qu’il est important de comprendre, c’est qu’il est quasiment impossible de la découvrir du premier coup. On devra souvent emprunter de nombreuses pistes avant de tomber sur celle qui fonctionne à merveille. Là encore les apparences sont trompeuses : les climax des récits possèdent une évidence, une simplicité, qui abuse la perception. Ils ont tous été déterminés en vérité avec la plus grande peine et beaucoup de tentatives infructueuses.
On tourne souvent très longtemps autour du pot, essayant cette piste, puis prenant celle-là, tentant cette idée puis optant pour celle-là, conduit par la méthode du “et si…” si efficace pour développer l’imaginaire, avant de découvrir, enfin, ce que doit être son histoire.
On peut également s’inspirer de différentes techniques éprouvées dans maintes histoires, dans maints chef-d’œuvres. Par exemple se rappeler que le climax, qui voit souvent s’opposer les forces antagonistes, se déroule souvent dans l’antre du méchant. Le pire lieu, donc, pour le protagoniste. D’autres fois, c’est le méchant qui entre chez le protagoniste et non l’inverse.
Le pire endroit, le pire moment, les pires conditions, voilà des pistes qui peuvent devenir très fertiles et très efficaces pour imaginer à quoi pourrait ressembler le climax, le lieu qui permettrait de donner la réponse dramatique fondamentale.
comment l’histoire pourrait tourner. L’important est, là encore, d’expérimenter, d’écrire un semblant de chemin qui peut conduire du début à la fin, d’imaginer sans les développer des ressorts, des retournements de situation, en s’interrogeant toujours sur le sens que cela produit, autant en matière de “morale” (de vision du monde) qu’en matière d’intrigue.
En conclusion, lorsque l’on invite l’apprenti-auteur à “trouver sa fin”, il faut comprendre que ce n’est pas en se concentrant sur cette fin qu’il la trouvera. C’est en développant mille variations depuis le départ du récit, mille liaisons possibles entre QDF et RDF, qu’il finira par la découvrir et la fixer. En se rappelant toujours que tant que cette fin n’existe pas, l’histoire elle-même n’existe pas.