Dans une narration, le rythme s’appuie principalement sur les alternances et les contrastes.
Ce que nous appelons alternance ici s’applique aux éléments narratifs qui possèdent peu de variétés possibles. Elles se réduisent parfois à une simple alternative, une simple binarité. L’exemple le plus caractéristique est peut-être celui de l’effet — jour/nuit — ou du décor — intérieur/extérieur.
Ce que nous appelons contraste, a contrario, s’applique aux éléments narratifs qui possèdent une grande variété d’expressions. Le nombre de personnages dans la scène en est un bon exemple, depuis la scène comptant un seul personnage, voire même aucun, jusqu’à la scène comptant une foule, des musiciens, des danseurs et presque tous les personnages principaux de la séquence finale du film choral Les Uns et les autres (Claude Lelouche, 1981).
Un bon rythme narratif s’appuie en permanence sur toutes les alternances susceptibles de créer des contrastes nets. Si ces alternances peuvent être jouées à toutes les échelles — à l’échelle de la scène comme à l’échelle de la macro-séquence — elles sont en premier lieu jouées d’une scène à l’autre. On n’imagine pas à quel point le simple respect de ces alternances est susceptible de donner du rythme à une histoire qui sans ces alternances pourrait installer de l’ennui.
Voyons les différentes alternances les plus couramment utilisées.
CHECKUP[Votre histoire présente-t-elle une bonne alternance en matière de décor ? | rythme] |
CHECKUP[Votre histoire présente-t-elle une bonne alternance en matière d’effet (jour/nuit) | rythme] |
CHECKUP[Votre histoire présente-t-elle une bonne alternance en matière de nombre de personnages ? | rythme] |
CHECKUP[Votre histoire présente-t-elle une bonne alternance en matière de scène dialoguée/scène d’action ? | rythme] |
Noter qu’il est possible de créer du contraste même sur un élément à alternance : si l’on est absolument contraint d’enchainer deux scènes de jour, on peut bien sûr s’arranger pour renforcer le contraste sur un autre élément que l’effet jour/nuit — en forçant par exemple le contraste du nombre de personnages — mais on peut également jouer sur cette perception du jour ou de la nuit. Par exemple, la première scène de jour pourra se passer dans un lieu bien éclairé tandis que la seconde, de jour aussi, se déroulera sous un porche sombre. De la même manière, si deux scènes doivent se passer en intérieur, on pourra créer du contraste en jouant la première scène dans un intérieur spacieux tandis que la suivante se passera dans un lieu exigu, un placard peut-être.
Au cinéma ou à la télévision, l’auteur doit en permanence se préoccuper des contraintes budgétaires s’il veut donner une chance à son histoire d’atteindre un jour les écrans. Aussi doit-il veiller à ne pas abuser de contrastes qui jouent sur des éléments dispendieux.
Par exemple, il doit garder à l’esprit que s’il veut appuyer son contraste sur le nombre de personnages, ce contraste a un prix fort. L’auteur doit garder à l’esprit que dès qu’une scène comporte plus de trois ou quatre personnages, son prix augmentera de façon significative. Non seulement le nombre de cachets par scène augmente, mais le temps de tournage peut lui aussi s’élever car il nécessitera un travail de mise en scène et de direction d’acteurs plus conséquent. Dans ce sens, les scènes avec une figuration importante doivent être évitées voir bannies d’un scénario qui devrait être ce qu’on appelle un “premier film”, sauf si des astuces de production sont utilisées, bien entendu.