Consignes pour la rédaction du scénario et du manuscrit
Cette page tente de lister les consignes à respecter lorsque l’on aborde la rédaction de son scénario ou de son manuscrit, que ce soit pour la première fois ou la x-ième fois.
Avant de se lancer
- Votre histoire vous semble-t-elle assez solide, en l’état actuel, pour en aborder l’écriture sous forme de continuité dialoguée ou de manuscrit ? N’y a-t-il aucun point qu’il serait bon de régler avant d’entamer ce travail ?
CHECKUP[Avez-vous le sentiment d’être prêt à aborder la rédaction de votre scénario ou votre manuscrit ? |
redaction] |
- Connaissez-vous ou sentez-vous suffisamment bien le style, le goût, de votre récit, pour être capable de le rendre à l’écrit, de le faire sentir, de l’imposer subtilement au lecteur ?
CHECKUP[Connaissez-vous suffisamment bien le goût et le style de votre récit pour le rédiger ? |
redaction] |
- En relisant le séquencier — ou l’MOT[186|évènemencier qui doit vous servir pour la rédaction de votre scénario ou de votre manuscrit, les scènes vous semblent-elles bien toutes utiles ? La suppression d’une seule de ces scènes pourrait-elle rendre le récit moins fort ou moins compréhensible ?
CHECKUP[Le séquencier ne contient-il bien que les scènes indispensables ? |
redaction] |
- Connaissez-vous suffisamment bien vos personnages pour les faire s’exprimer sans qu’on vous entende trop parler derrière eux ? TODO: Faire un lien vers le livre sur les personnages.
CHECKUP[Connaissez-vous suffisamment bien vos personnages ? |
redaction] |
- Êtes-vous dans les meilleures dispositions mentales pour tenter de vous en tenir, au cours de votre rédaction, à ce que vous avez décidé dans les évènemenciers et le traitement ? quitte à reprendre plus tard les idées qui pourront apparaître au fil de la rédaction ?
CHECKUP[Êtes-vous prêt à respecter le travail de préparation préliminaire ? |
redaction] |
Premier jet
- Ne vous arrêtez pas. Travaillez avec votre plan à vos côtés, et de ne vous arrêtez que lorsque vous arrivez au bout. Ne pas s’arrêter ne signifie pas ne pas dormir. Ne pas s’arrêter signifie que vous ne devez pas bloquer sur des passages. Dès que vous bloquez sur un passage, indiquez sont contenu entre crochets et passez à la suite.
Raconter une histoire !
- Mettre en valeur l’histoire, pas la façon de la montrer à l’écran. Donc :
- ne pas penser en plans, penser en histoire, en personnages ;
- pas de termes techniques ;
- ne jamais oublier, tout au long de l’écriture : les émotions, les réactions, l’humeur des personnages et des ambiances ;
- mettre en valeur les temps forts du récit.
Généralités stylistiques
- Tenir compte du tempo de la projection : 1 page = 1 minute ;
- bannir les pavés de plus de 5 lignes, dans les descriptions comme dans le dialogue ;
- s’adonner aux phrases courtes ;
- éviter les emboitements d’action. Dans l’idéal, pas plus de deux verbes d’action dans la phrase. Sinon, découper ;
- commencer par mettre l’essentiel, le strict minimum, l’indispensable, puis développer si nécessaire. Ne procédez jamais de façon linéaire ;
- surtout dans une première mouture de travail, ne pas essayer de rédiger de belles phrases. Si l’histoire est bonne, le sujet / verbe / complément suffit ;
- entre deux formulations, choisir toujours la plus simple pour le lecteur, même si elle décrit moins bien le plan rêvé ;
- ne jamais forcer le trait. Ne pas dire ce qui est évident pour le lecteur. Laisser le lecteur réagir par lui-même, laisser le lecteur s’investir, le rendre actif. En d’autres termes :
- préférer l’implicite à l’explicite.
Style littéraire
- Utiliser avec parcimonie les adjectifset les adverbes ;
- fuir l’emphase, les exagérations et les inflations littéraires. “Il est très surpris” deviendra “Il est surpris”. “Il bondit de sa chaise” deviendra “il se lève” — c’est le contexte qui doit suggérer implicitement la façon de se lever, “il se met à hurler” deviendra “il se met à crier” ;
- trouver le mot-clé de la scène, mot(s) pouvant la caractériser (au niveau de l’ambiance ou de l’humeur du protagoniste de la scène, etc.) et s’appuyer sur ce mot-clé pour rédiger la scène. Ce mot gagne à être utilisé même dans le scénario ;
- adopter un parti-pris rédactionnel. Plus il sera fort, plus le scénario pourra se démarquer de la pile de scripts que le producteur/éditeur doit lire. Cela demande de l’expérience. Préférer la simplicité (l’absence apparente de style) à un style forcé.
À garder en tête
- Se servir de sa rédaction pour estimer sa narration : Moins bonne est la situation (situation, personnages, enjeux, etc.), plus difficile est la rédaction. En conséquence :
- auand il devient difficile de rédiger un passage, se poser des questions dramaturgiques ;
- penser à la “malveillance naturelle du lecteur”* (producteur). Habitué à lire beaucoup trop de mauvais scripts, le producteur ou le lecteur professionnel a une tendance naturelle (et bien compréhensible) à s’attendre au pire quand il ouvre un n-ième scénario, malheureusement le vôtre. En d’autres termes, s’il ne vous connaît pas, son a priori est négatif avant d’avoir lu votre première ligne ;
- ne jamais perdre de vue que votre scénario n’est qu’un scénario parmi bien d’autres. Vous n’êtes pas seul.
Vaincre la malveillance naturelle du lecteur
Note : j’appelle “malveillance naturelle du lecteur” le fait que tout professionnel digne de ce nom aura, au moment de lire votre prose, une pile grande comme son bras de scénarios encore à lire. D’autre part, il est coutumier, malheureusement à cause de nous, des scénarios mal écrits, ennuyeux, bâclés et j’en passe. Lorsqu’il ouvre un nième scénario en soupirant, il ne peut donc penser autre chose que “bon… quel M** vais-je encore me farcir ?”. C’est peut-être malheureux pour votre merveilleux projet, mais c’est un fait incontournable.
- Penser à lui raconter une histoire (cf ci-dessus) ;
- aérer le début du scénario. Donner l’impression que “l’histoire se lit vite”. Se dire alors : 1 page = 30 secondes ;
- placer la barre haut dès les premières lignes. Une phrase bien sentie, un ou deux termes un peu relevés mais pas trop, une image précise (sans parler de caméra), un style donnant immédiatement le ton du film et le lecteur sera tout à vous ;
- Corriger, corriger et corriger encore l’orthographe et la syntaxe du scénario ;
- mettre en valeur les contrastes (préparer une émotion par son contraire, travailler les transitions de scène à scène, etc.).
- mettre en valeur les moments-clés, les moments forts (en se servant, particulièrement, de la mise en page)
Quelques points de détail
- Mettre en capitales le nom du personnage à sa première apparition ;
- rappeler le lieu et l’effet (jour ou nuit) en début de description de la scène, même si ces indications se trouvent dans l’intitulé de scène (qu’aucun lecteur ne lit) ;
- personnage : le mettre en mouvement avant de le décrire* (décrivez ce qu’il fait avant de dire comment il est).
- décor : dire ce qui s’y passe, puis ensuite à quoi il ressemble ;
- ne JAMAIS arrêter l’action pour décrire un personnage ou un décor. Donc utiliser toujours : action puis description ;
- ne pas gaspiller ses cartouches lexicales (“Soudain”, “Puis”, “Tout à coup”, etc.). Réservez ces termes aux endroits où ils peuvent avoir un vrai impact ;
- possiblité d’utiliser certains termes techniques (p.e. ELLIPSE) quand ils sont indispensables à la bonne compréhension de l’histoire ;
- une information placée à la fin d’un paragraphe passe très souvent à la trappe (sauf dans le cas où elle est remarquable). Si l’information est importante, mais pas remarquable, préférer l’écrire au début d’un nouveau paragraphe.
N.B. : Vous pouvez trouver dans l’ouvrage Savoir rédiger et présenter son scénario d’autres indications de détail, plus explicitées qu’ici. Ne manquez pas de vous y référer.
Bonnes ficelles pour la rédaction du scénario
- Possibilité de mettre EN CAPITALES les éléments forts que le lecteur risquerait de ne pas lire ou de rater. Les capitales réveillent le lecteur assoupi. (attention : une trop grande utilisation de cet effet l’atténuera, une trop faible utilisation surprendra trop et fera décrocher le lecteur) ;
- inclure la musique de façon directe (p.e. un voisin qui écoute de la musique) quand vous le jugez indispensable ;
- Décrire les images fixes (photos ou plans sans mouvements) sans utiliser de verbes (“Un parc sous la pluie. Des bancs de marbre aux pieds d’arbres centenaires” etc.). Au contraire, verbaliser les mouvements ;
- se permettre de commencer par “on…” dans le début du scénario pour prendre le lecteur par la main et l’emmener dans l’histoire ;
- faire lire son scénario à haute-voix par un “non-comédien” et en tirer des conclusions simples : s’il accroche sur une phrase, elle est trop compliquée. Relever précisément tous ces endroits et les simplifier ;
- croire, ici comme ailleurs, à la puissance du travail ;
- croire en votre histoire, tout simplement.