La collection Narration

Imagination libre vs imagination forcée

Parmi les paradoxes que l’auteur doit concilier, celui de l’imagination libre et de l’imagination forcée — ou contrainte — joue un rôle prépondérant.

D’un côté, l’auteur doit rester en permanence à l’écoute des idées, des solutions, qui lui viennent, et de l’autre il doit exiger beaucoup de son inspiration, autant en quantité — une histoire quelconque contient des centaines d’idées — qu’en qualité — les idées doivent être de bonnes idées. Il doit laisser “libre cours” à son imagination, mais en même temps il doit savoir lui imposer une multitude de contraintes qui découlent de l’histoire, des thématiques, de la déontologie de l’auteur ou de la faisabilité du projet.

La croyance qu’un auteur est un individu qui déborde d’imagination est un leurre. La plupart des créateurs — ceux qui vivent de leur création — disent qu’ils n’ont pas beaucoup d’idées. De nombreux écrivains ou scénaristes disent n’écrire qu’à partir d’une seule idée et l’on veut bien les croire.

Car une histoire, ça ne s’écrit pas en débordant d’imagination, ça ne s’écrit pas en ayant “une idée à la seconde”, ça s’écrit avec une seule bonne idée bien développée. C’est-à-dire une seule idée dont l’auteur saura tirer mille autres idées.

Ce principe fait référence aux deux types d’imagination que l’auteur met en œuvre pour réaliser son ouvrage et que nous aborderons plus tard :

La première est une imagination qui est stimulée sans contrainte. Elle peut s’assimiler à l’inspiration. C’est une idée qui n’a pas été sollicitée.

La seconde, beaucoup plus utilisée par le créateur, est une imagination qui fonctionne sous contrainte, au sens propre du terme. Elle est sollicitée dans un but précis, pour obtenir d’elle une idée précise — s’adaptant à une situation donnée et tout ce qu’elle recouvre — ou une solution particulière — à un problème particulier que pose le récit. Cette imagination-là doit respecter un cahier des charges.

On abordera par la suite des moyens de développer et d’entretenir ces deux types paradoxaux d’imagination.