La collection Narration

Le sens et le goût

Le gout et le sens

Dans cette grande marmite où l’on fait bouillir l’histoire, où on la fait mijoter, infuser, macérer, seules comptent deux priorités auxquelles il faut toujours s’accrocher et revenir sans cesse : le gout et le sens.

Le Gout

Le gout, c’est garder à l’esprit que cette popote, quelle qu’en soit la préparation, devra rester consommable et digeste. C’est une histoire que vous cherchez à écrire, c’est du cinéma, c’est un roman, c’est une œuvre destinée à un public assis devant sa télé, un écran de cinéma ou un livre. Ce n’est pas autre chose. Les anglo-saxons ont un terme qui n’a pas son équivalent en français. ils appellent ça l’“entertainement”. On pourrait le traduire par “divertissement” si le mot ne connaissait de connotation péjorative dans la langue de Molière — qui s’y entendait, lui, en matière de divertissement inspiré.

Garder en tête que l’on veut écrire une histoire est primordial et cette mise en garde, qui pourrait paraitre surprenante, ne l’est pas tant si l’on se réfère aux scénarios de beaucoup d’apprentis-auteurs. Souvent, le plaisir de raconter une histoire, un film, s’est laissé ensevelir sous les trop nombreuses contraintes à prendre en compte au cours de l’apprentissage ou des premières élaborations.

Il faut donc s’efforcer de toujours maintenir cette flamme du plaisir, de l’enthousiasme, qu’elle se ravive par réflexe chaque fois que vous vous attelez à l’ouvrage. Écrivez au-dessus de la feuille, pas en dessous.

Le sens

Le sens, c’est ce qui doit être toujours invoqué lorsque des choix, des hésitations se présentent. Le sens, ça commence bien entendu par le sens général de l’histoire, ce qu’elle signifie, ce que l’on a envie qu’elle dise ou ne dise pas, et qui guidera toujours l’auteur dans le choix et la recherche des idées, dans la construction de ses personnages, dans l’enchainement et la fonction de ses scènes, dans l’établissement de la fin, etc.

Ne pas chercher à connaitre le sens de son histoire, l’image que l’on donne du monde que l’on décrit, c’est écrire n’importe quoi, c’est travailler à l’aveuglette. Une histoire qui raconte n’importe quoi— pire : qui ne raconte rien — ne peut être que indigeste, soyez-en convaincu.

Pour le reste, à vous de trouver la méthode, en sachant que votre parcours ne ressemblera jamais à une ligne droite, ni à aucun autre parcours existant ou ayant pu exister. Ce sera le vôtre, et plus il sera le vôtre, plus il aura de chance d’être original.