La collection Narration

Introduction méthodologique

Un dialogue se construit

Comme tout autre élément d’un récit, un dialogue se construit. Il peut arriver qu’une réplique juste vienne immédiatement à l’esprit — lorsque l’on parvient par exemple à se glisser parfaitement dans la peau de ses personnages — mais ce phénomène relève de l’exception. La plupart du temps, l’établissement du dialogue procède d’un cheminement long et rigoureux vers la vérité et la justesse.

Quand écrire le dialogue ?

Les dialogues sont en général le dernier élément travaillé au cours du développement de l’histoire. Ils s’abordent lors de la rédaction du premier jet du manuscrit et du scénario.

Le dialogue est le dernier élément travaillé.

En effet, ce serait une perte de temps assurée que de vouloir se lancer dans l’écriture des dialogues sans avoir suffisamment développé le ton de l’histoire et l’idiosyncrasie des personnages. Comment pourrait-on faire sortir de la bouche d’un personnage des mots justes et sensés si l’on ne le connait pas ? si l’on ne sait pas pourquoi et comment il parle ?

Un outil puissant de recherche

Cela étant, le dialogue peut devenir un outil puissant quand on s’en sert au cours du développement pour mieux appréhender ses personnages et le ton de son histoire. Dès le troisième jour de travail, ou même avant, inventer une scène quelconque — qui n’existera même pas dans le film ou le roman — et y plonger le personnage pour voir comment il va agir et comment il va s’exprimer est un moyen efficace pour entrer plus rapidement dans son intimité et son rythme propre. Pour plus de détail, voir Mise en scène du personnage dans Les Personnages.

Utiliser le dialogue pour découvrir
le personnage et le récit.

Mais dans ce cas, il est important de bien comprendre que le dialogue n’est plus une fin en soi — pour peu qu’il le soit — mais un moyen, un outil, une façon d’appréhender les composants de son histoire, d’apprendre à la connaitre, de l’interroger de l’intérieur.

Mise en garde habituelle

Dans toute cette section décrivant le travail du dialogue, nous allons présenter une méthodologie applicable à la construction de ce dialogue.

Il convient de répéter, comme nous le faisons pour les autres éléments narratifs, que le processus de construction du dialogue n’est jamais aussi linéaire que la présentation qui en est faite ici. Il serait inutile et même dangereux de suivre cette progression à la lettre. Toutes les phases de travail exposées peuvent être abordées dans le désordre et surtout répétées jusqu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant.

Phases de la construction

Fonction et contenu
La première étape de construction du dialogue consiste à définir le mieux possible pourquoi il est utilisé et ce qu’il doit contenir. Un dialogue sans fonction et sans contenu véritable n’a aucune raison d’être dans un récit bien conçu.
Premier jet
Le premier jet permet d’approcher la forme que prendra le dialogue. C’est un brainstorming, on se fiche de la longueur, des redites, de la concision. On “tourne autour du pot” pour s’en rapprocher le plus possible. On propose le plus de formulations possible.
Écriture
L’écriture va permettre de choisir, dans le premier jet, ce qui sera la substance du dialogue. On fait des choix pour ne garder qu’une seule formulation (ou deux) de chaque idée.
Idée et formulation
Dans une première phase de réécriture, on va s’intéresser à la justesse de la formulation de l’idée que doit véhiculer le dialogue par rapport à sa fonction et par rapport au personnage qui doit le porter.
Épuration
C’est la phase où l’on ne garde du dialogue que ce qui est indispensable. C’est le lieu impitoyable de la suppression de tout mot superflu. On retire la graisse pour ne garder que le nerf.
Finalisation
Dernière étape de travail sur le dialogue, la finalisation permet d’adapter comme un gant le dialogue au personnage qui doit le porter. Il lui faut du sur mesure. Aucun autre personnage ne doit pouvoir dire le dialogue de cette façon-là.

Nous allons aborder ces différentes phases de travail dans le détail.